A Vallejo, en 1996 les trottoirs accueillent prostituées sophistiquées et proxénètes exercés. Tenue légère exigée, les talons aiguilles foulent l'asphalte d'un bitume fondu par l'astre brûlant. Dans les rues sombres de la ville, la chaleur nocturne laisse entrevoir un trafic corporel où l'argent coule à flot. Les donzelles roucoulent et les voitures abritent des couples de fortune. A la douce lumière d'un néon grésillant, on paye cash, les liasses s'entassent. Sans scrupule, on amasse. C'est avec ce capital précieusement récolté, que Tru II Flo s'avance ainsi en 1996. On connaît Vallejo et la festivité qui caractérise sa musique, c'est donc dans cette même optique que Tru II Flo se présente aujourd'hui. James Earley est à la réalisation, son frère (Jacques Earley) nous livre quant à lui une esthétique dessinée où se mêlent tous les symboles du parfait maquereau. A la composition, JAE-E se démène donc pour JAE-E Productions. Véritable autoproduction, la famille Earley nous livre là un premier (et visiblement dernier) échantillon de tout leur savoir faire. Malgré que ce ne soit qu'un maxi présentant les dérivés de sa version originale, viennent s'ajouter deux remix d'une extrême qualité. On peut donc très objectivement déclarer que Tru II Flo nous octroie ici un véritable bijou. Bombe en puissance, le titre éponyme est déjà une franche réalisation, véritable osmose entre G-Funk et influences Mobb Funk de la Bay. Six plages sont donc à commenter.
La version album et radio n'étant fondamentalement que très peu différente, nous ne ferons donc aucune distinction. C'est donc un véritable hymne qui explose à nos tympans. Tout se construit à la perfection pour un produit d'un niveau rare. Les saveurs locales de Vallejo sont respectées pour un travail impeccable. Les claviers sont joués avec adresse et proposent des mélodies douces et cristallines. Une multitude d'artifices vient se coller à la composition et un léger sifflet nous accompagne tout au long de l'écoute, assisté par les riffs des guitares enjoués et le grondement du moog grave et régulier. Nous soulignerons aussi le flow de nos trois artistes, tant les performances sont nettes et sans failles. Timbre articulé, phases et roulements accélérés s'accouplent à merveille aux sonorités légères. Viennent enfin les ch½urs féminins qui édifient une fois encore le constat étonnant du titre en question. Production riche et minutieusement concoctée, c'est sans conteste une vraie pépite.
Le premier remix est à mon goût moins bon que le second et que la version originale. Toutefois, il se laisse écouter et apprécier sans problèmes. La couleur musicale y est plus sombre mais tout aussi convaincante. Les sirènes grincent et le sifflet devient plus lancinant. Nous saluerons néanmoins l'effort.
La véritable claque revient au dernier remix (Club Extended Remix) qui atomise littéralement nos sens pourtant aguerris. Sur exactement 8 minutes et 14 secondes, Tru II Flo nous affuble une version alternative époustouflante. Le clap y est boosté et le mogg se fait plus agressif. On retrouve les ch½urs féminins qui imposent un rythme insistant. Cependant, la surprise survient au milieu de la troisième minute où JAE-E se lâche comme un aliéné lors de 5 minutes instrumentales de feu. Les jeux de sirènes et autres sifflets se mélangent aux solos de guitares électrisées par des claviers affolés. Electrochoc auditif, cette piste transcendée par un Funk démentiel, nous clou sur place, l'air ahuri.
Au sein d'un G-Rap où les rameaux généalogiques sont, chaque jour, plus tentaculaires, Tru II Flo laissera une marque timide (surtout très brève) mais d'une valeur acoustique et artistique manifeste. Je ne sais si un album a suivi, mais au vu de ce premier maxi, on ne peut que croiser les doigts à s'en briser les phalanges. G-Funk, Mobb ou bien ce que vous voulez, l'enregistrement est surtout classique et fortement indispensable.
~ Sharingan Masta ~
Note : 17/20
Disponibilité : Assez rare.
OG Ring Code : IFPI L871 GX002
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